Entretien avec l'un des candidats à la présidence des Républicains, qui se revendique d'un héritage au croisement de De Gaulle, Seguin et Pasqua. Une perspective intéressante à suivre... avec les mises en garde qui s'imposent à l'égard des manœuvres d'un parti trop habitué à renier sa (ou ses) parole(s).
Source [Contrepoints]
Avec sa ligne gaulliste, Julien Aubert se présente comme le plus à droite des trois candidats à la Présidence des Républicains. Élu, il entend mettre fin aux divergences de ligne. Le bureau politique deviendrait alors le reflet de la ligne majoritaire et non plus celui de la diversité idéologique du parti. Quitte à voir certains pontes s’éloigner… Vote le 12 octobre.
Daoud Boughezala et Martin Pimentel. Le 14 août dernier, le quotidien Le Parisien Aujourd’hui en France vous affiche en Une avec vos concurrents MM. Larrivé et Jacob. Titre du journal : “LR, une élection sans ambition.” Selon vous, y a-t-il un véritable enjeu dans cette élection?
Julien Aubert. Oui ! Depuis près de sept ans, ce parti a refusé de faire son inventaire, sa mue, ses métamorphoses. Il refuse de changer ses pratiques et de s’interroger sur lui-même. Il y a pourtant un enjeu central : est-ce que l’on continue comme d’habitude, ou souhaite-t-on un sursaut ?
Le rabougrissement constaté dans votre parti a abouti à ce fameux 8% aux européennes. N’est-ce pas lié au rétrécissement de la ligne, engagé par Laurent Wauquiez, et dont le symbole a été François-Xavier Bellamy et sa déroute aux élections?
Je pense que c’est plus complexe. Il y a certes un effet général, un raidissement. On devient très dur et il y a un caractère presque obsessionnel sur certains sujets à l’extérieur du parti. Mais en même temps, il y a un décalage dans la manière de vivre notre mouvement. Dans notre ADN hérité de l’UMP, nous avons un rassemblement de toutes les tendances.
Je veux mettre fin à l’auberge espagnole chez LR! Je ne suis pas du tout social-démocrate
C’est ce qui pose problème: vous tenez un discours qui est très net, et en même temps dans la pratique, le mouvement continue à vivre comme s’il y avait un autre Président ou comme s’il y avait n’importe quel discours politique par-dessus.
Cette fracture se retrouve dans les différentes candidatures, non ? Nous avons d’un côté M. Larrivé et vous-même, avec des lignes assez proches: M. Larrivé proposait la suppression de la Commission européenne il y a quelques années, et d’être ferme sur l’immigration ou d’inscrire le refus de la GPA dans la Constitution. De l’autre côté, Christian Jacob a une ligne beaucoup plus consensuelle pour préserver le statu quo à l’UMP.
Il y a deux types de clivages. Avec Guillaume Larrivé, nous avons l’approche commune de vouloir renouveler par les idées. Nous sommes conservateurs tous les deux. Mais nos lignes sont moins proches que vous semblez le penser ! Guillaume Larrivé est plutôt un giscardo-sarkozyste. Il ne remet pas en cause le logiciel économique que nous avons depuis trente ans. Il est assez orthodoxe de ce point de vue là. Deuxièmement, sur l’Europe, il refuse de franchir le rubicon juridique. S’il fait le constat de perte de souveraineté et d’efficacité, il ne va pas jusqu’à en tirer les conséquences nécessaires sur le fonctionnement de l’Union européenne. Je suis plus audacieux que lui sur le plan juridique. Et sur le plan de l’économie, contrairement à lui, je ne pense pas qu’on peut avoir aujourd’hui les mêmes idées que dans les années 80.
La souveraineté ne veut pas forcément dire, comme le veut Florian Philippot, qu’il faille sortir de l’euro ou un Frexit
Avec Christian Jacob, nous avons un clivage sur la méthode! Il pense qu’il faut rester fidèle au fameux ADN de l’UMP, c’est à dire l’union de la droite et du centre… Guillaume Larrivé n’est pas précis là-dessus. Moi je dis que nous ne devons pas être un parti de droite et du centre, mais un parti de droite. Par conséquent, la ligne majoritaire que je souhaite doit incarner cette réorganisation. Je veux en quelque sorte mettre fin au concept de l’UMP, cette auberge espagnole de différents courants de pensée !
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