Source [Atlantico] : Plusieurs mois après la fin de la crise sanitaire, la question de la pandémie demeure sur de nombreuses lèvres. Ainsi, certains législateurs américains affirmaient récemment avoir déniché de nouvelles informations concernant les origines du Covid-19 jugées “crédibles” et la question de l’efficacité des vaccins revient sur le devant de la scène.
Atlantico : Quel bilan la France et l’Europe peuvent-elles dresser de la gestion sanitaire et politique de la pandémie ?
Jean-François Thébaut : Commençons par rappeler que toute analyse de cet ordre se doit de ne pas être manichéenne. Il n’est vraiment question de distribuer des bons ou mauvais points à telle ou telle nation, puisque l’on sait maintenant que ce qui compte c’est d’appliquer une politique qui fonctionne avec son pays ; qu’il n’existe pas de méthode universelle. La Suède n’a pas eu besoin de confiner autant que la France et pourtant elle a affiché des résultats relativement similaires. En cause ? Une culture différente, qui a poussé les Suédois à éviter autant que faire se peut le contact, les transports ou l’avion (par exemple). Au final, la Suède n’aura pas fait moins bien que nous, loin s’en faut, quand bien même il y aura eu quelques différences, notamment du côté des populations les plus touchées. En France, les victimes du Covid se retrouvent essentiellement du côté des populations défavorisées. En Suède, c’était davantage les populations âgées et vulnérables. L’important, dès lors, c’est de bien comprendre sa population pour faire les bon choix politiques ensuite.
A cet égard, il est important de rappeler que le rapport de la France à la crise sanitaire s’est, initialement au moins, construit en réponse à un contre-exemple précédent désormais bien connu : la mobilisation extrêmement précoce observée en prévision de l’épidémie H1N1. Or, parce qu’un vaccin était déjà disponible, cette mobilisation ne s'est pas avérée pas nécessaire et elle a été sévèrement reprochée au gouvernement que l’on a accusé d’avoir surdimensionné les vaccinodromes entre autres. C’est une expérience qui a poussé la France à une très forte prudence et qui illustre aussi pourquoi il vaut mieux se garder de prononcer un jugement ex-poste, alors que l’on connaît la fin de l’histoire. Mais il est très important d’évaluer les résultats des différentes actions.
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