Entretien avec François Billot de Lochner :
Vous avez récemment participé à une importante conférence sur la pornographie en Allemagne. Quelles ont été vos impressions?
J’ai d’abord été étonné d’être invité par une télévision suisse allemande pour parler pendant une heure d’un sujet aussi sombre, à savoir le tsunami pornographique. Mon étonnement a redoublé quand j’ai su qu’il s’agissait d’une intervention télévisée publique, devant plusieurs milliers de personnes dans la salle. Effectivement, je suis intervenu devant 4000 personnes environ, la conférence étant traduite simultanément en plusieurs langues. J’ai été fasciné par l’organisation exceptionnelle de cette journée, et me suis demandé si cela serait possible en France. À bien y réfléchir, je crois qu’en l’état actuel de la société française, cela serait difficile, voire impossible.
Pensez-vous que nos voisins soient plus mobilisés que nous sur cette question cruciale pour l’avenir de notre société?
Oui, je le crois. Nous vivons en France une situation étonnante : les Français, pour les trois quarts d’entre eux, se disent très inquiets de la montée en puissance dramatique de la pornographie, mais ne cherchent pas à comprendre véritablement ce qu’est ce fléau, et ne se mettent pas en ordre de bataille pour le combattre. Le maigre travail effectué consiste à essayer de panser les plaies, et non d’attaquer le mal à la racine. Le tsunami pornographique continue donc ses ravages en toute impunité. Nous voulons, par notre association Stop au porno, agir tous azimuts !
Vous allez, par ailleurs, faire une conférence sur la pornographie à Lourdes le 29 novembre. N’y a-t-il pas une forme de provocation à parler d’un sujet aussi glauque dans la cité mariale?
Votre question est fondamentale, car elle aborde indirectement la notion essentielle de la pureté de l’âme, de l’esprit, du cœur et du corps. Nous savons que la Vierge Marie est infiniment pure, et représente le modèle indépassable de pureté. Or, une grande partie du monde catholique n’entend plus parler de pureté, car l’emploi de ce mot serait « contre-productif ». Avec de tels raisonnements, l’on peut être certain que la pornographie, qui diffuse de façon diabolique l’impureté sous toutes ses formes, a de beaux jours devant elle.
Vous insistez dans vos conférences sur l’impératif de revenir à une vision morale classique où le bien et le mal sont clairement identifiés. Ne craignez-vous de faire peur aux bonnes volontés?
Cette question, comme la précédente, est fondamentale. Depuis un demi-siècle, il est interdit de parler de morale, parce que cela est « contre-productif ». Les autorités morales, dont l’Eglise catholique très majoritairement, sont entrées dans ce schéma de pensée, qui est tout simplement catastrophique. D’un point de vue moral, la pornographie est un mal absolu. Il faut donc le dire et le redire, à temps et à contretemps. Le langage trop souvent lénifiant actuel n’empêche personne de sombrer dans la pornographie, et se contente, sans grand succès, d’essayer d’en sortir quelques-uns. Il est consternant de voir tant de sexologues ou accompagnateurs, généralement autoproclamés, décrire de façon terriblement voyeuriste, devant des publics jeunes, la sexualité sous tous ses angles, en refusant catégoriquement d’aborder toute notion morale. Cela même dans des établissements dits catholiques. Parler de la pornographie sans parler de morale consiste à refuser de dire la vérité, et donc à semer la confusion. Lors de mon intervention en Suisse allemande, j’ai très clairement parlé de morale, ce qui n’a pas dû plaire à tout le monde, mais j’ai pu constater que toute la salle était debout pour m’applaudir à la fin de ma conférence. Ce qui signifie qu’il est possible de parler en vérité, et d’être entendu.
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