[Source: Boulevard Voltaire]
La démocratie illustre son incompatibilité de plus en plus grande avec l’Europe.
Les nations européennes perdent leur souveraineté sans gagner la prospérité. Les peuples sont mis entre parenthèses par l’oligarchie des technocrates. Aussi est-il question, aujourd’hui, davantage du départ du Royaume-Uni que de l’entrée absurde de l’Ukraine ou de la Turquie. En fait, c’est l’Union européenne elle-même qui sort de la voie démocratique. Les élections autrichiennes viennent de le montrer.
Les Autrichiens devaient élire leur président. Ils avaient largement placé en tête au premier tour le candidat du FPÖ. Celui-ci avait encore mobilisé 51,9 % des bulletins déposés dans les urnes lors du second tour, mais son adversaire est parvenu à renverser le scrutin en sa faveur de 31.000 voix uniquement grâce aux votes par correspondance.
Cette victoire à l’arraché a été accueillie par les applaudissements d’une grande partie de la classe politique européenne et des médias. C’est, néanmoins, une défaite de la démocratie qui illustre son incompatibilité de plus en plus grande avec l’Europe.
Il y avait, pour l’Autriche, la possibilité d’un nouveau départ. De partout en Europe sont venus des messages angoissants destinés à l’étouffer. Le président de la Commission européenne, l’ancien Premier ministre battu dans son confetti fiscalement paradisiaque du Luxembourg, s’est même permis d’exprimer sa crainte. Le commissaire Moscovici se félicite, aujourd’hui, de la « résistance » des peuples. C’est cette attitude et cette intrusion qui ont sans doute fait peur à des Autrichiens qui ont vu leur pays mis au ban des instances européennes.
Les deux partis majoritaires actuellement (SPÖ et ÖVP), et qui avaient connu des résultats désastreux au premier tour des élections présidentielles, vont donc garder le pouvoir au mépris du vote des électeurs.
Il est clair que le candidat écolo n’a pas été élu pour lui-même mais contre l’autre, en raison de la peur suscitée artificiellement. L’étranger a donc pesé lourd sur ce vote. Pourtant, Norbert Hofer avait été sobre et modéré dans ses propos, comme il l’est habituellement. Il avait dit ne pas souhaiter que l’Autriche quittât l’Union, sauf si la Turquie y adhérait.
Comme le dit la sagesse populaire, « ça finira mal » ! Le brouillage de l’information et l’emploi de mots stigmatisants cachent l’évolution essentielle qui n’est pas propre à l’Autriche.
Des partis qui se trouvent à la droite de la droite approchent de la majorité et du pouvoir parce qu’ils se sont modérés mais sur des idées et des valeurs qui, auparavant, étaient celles des droites classiques. Celles-ci se sont dissoutes dans la marche aveugle vers une Europe incertaine. Elles ont perdu, en chemin, l’identité nationale, le conservatisme moral, le patriotisme, la souveraineté populaire.
Comment en vouloir à ceux qui vont chercher leurs valeurs là où elles se trouvent ?
En France, le Front national a prospéré sur la disparition du RPR en tant que parti gaulliste. Dans un pays à l’histoire aussi prestigieuse que l’Autriche, dont on semble oublier qu’elle fut l’une des grandes puissances européennes jusqu’à la Première Guerre mondiale, des traces subsistent : par exemple, les deux sièges subis par Vienne de la part des Turcs ottomans et les longues guerres qui ont permis aux Autrichiens et aux Russes de repousser les Turcs dans les Balkans, notamment. Aussi, leur refus d’une Europe qui ouvre ses portes à l’immigration musulmane et qui négocie avec une Turquie de moins en moins démocratique est-elle parfaitement légitime.
Christian Vanneste
Homme politique
Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre
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