
Les récentes évolutions, essentiellement américaines, dans le dossier ukrainien témoignent d’une rupture dans la marche de l’administration de Washington. À en croire les déclarations émanant de la Maison Blanche, c’est même un bouleversement qui est en train de se produire sous nos yeux.
La France, dans ce nouvel ordre mondial qui se dessine, semble se condamner à un rôle de spectateur, auquel elle se contente de se tenir, à l’instar de ses « partenaires européens » depuis Yalta.
L’élection de Donald Trump avait constitué un petit séisme ; sa gestion du dossier ukrainien semble, quant à elle, s’apparenter à un véritable tremblement de terre géopolitique.
Sous nos yeux ébahis, l’histoire et l’ordre mondial, qui semblaient encore relativement figés il y a quelques mois, paraissent s’accélérer de manière spectaculaire.
L’ensemble des points clés du concept d’accélération de l’histoire, décrit par Daniel Halévy en 1948 dans son Essai sur l'accélération de l'histoire, pourraient ici être réunis. Les périodes de stabilité relative sont de plus en plus courtes, tandis que les bouleversements se succèdent à un rythme effréné. La crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine, en sont deux expressions très récentes, au milieu desquelles s’est « glissée » la guerre en Palestine.
Nos sociétés se trouvent désemparées, parfois incapables de s’adapter à cette nouvelle donne qui rompt les routines concrètes, mais également les imaginaires politiques, laissant la porte ouverte à des changements brusques et inattendus.
La modernité et les progrès techniques, consubstantiels à l’accélération de l’histoire, entretiennent les tensions et les ruptures dans la société, favorisant un sentiment d’angoisse plus ou moins légitime parmi les populations. Dans une société traditionnelle, un tel mécanisme encourage le regroupement pour faire face, de manière communautaire, aux nouveaux défis. Dans une société moderne occidentale, le risque est celui du repli sur soi, qui empêche les individus de s’intégrer à un groupe pour résister collectivement aux défis de leur temps.
Daniel Halévy voyait dans les changements rapides de son époque une fragilisation des démocraties, favorisant l’émergence de régimes autoritaires, les populations cherchant des réponses rapides à des problèmes complexes.
Aujourd’hui, l’inédit semble devenir quotidien, et il convient plus que jamais de se garder de tirer des conclusions trop hâtives sur la réorganisation du monde. Nous sommes en effet soumis à une pression permanente liée à la surinformation et à un environnement médiatique et politique oscillant entre catastrophisme, mensonge et incantation.
Les très rapides variations géopolitiques en cours peuvent déboucher aussi bien sur des changements majeurs que sur un statu quo, qui peut s’avérer tout aussi brutal pour les pays qui ne sauront pas s’adapter. Une constante semble donc demeurer, quelle que soit l’époque : « Vae Victis » – « Malheur aux vaincus ».
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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