Source [Atlantico] : Alors que la ministre démissionnaire de l'Éducation nationale se fixe pour objectif de mettre un enseignant devant chaque classe (sic…), qui sont les professeurs aujourd’hui en France ?
Atlantico : La ministre démissionnaire de l'Éducation nationale Nicole Belloubet a affirmé lundi matin : « Je pense que nous avons effectivement un enseignant devant chaque classe. » Qu’en est-il réellement ?
Jean-Paul Brighelli : Les syndicats affirment, eux, qu’il manque 3000 enseignants. C’est relativement peu par rapport à 12 millions d’élèves, mais c’est déjà trop — même si c’est moins que l’année dernière. Le vrai problème est la confusion entretenue par les uns et les autres entre qualitatif et quantitatif. La question n’est pas prioritairement d’avoir un enseignant devant chaque élève, mais un enseignant compétant : les 3000 postes non desservis correspondent aux postes mis l’année dernière aux concours et non attribués par les jurys, pour cause d’insuffisance de niveau des candidats — et ce, dans toutes les matières.
Pierre Duriot : Ces classes sans professeurs qui font tache à la rentrée, dans les journaux locaux, sont devenues la hantise de l’administration Éducation Nationale et dans le primaire, ce n’est pas comme au collège où, quand il manque un professeur sur 5 ou 7, ça se voit moins. Chez les 3/10 ans, on est généraliste et une classe sans professeur a un fort impact à la fois médiatique et auprès des parents électeurs, il fallait donc absolument mettre le paquet et globalement, ça a été fait. Mais il faut tout de même apporter des bémols, cela est réussi moyennant un recours massif à des contractuels, sans formation, mais au minimum à bac plus quatre, un niveau d’étude, par contre, qui n’est en rien une garantie de qualité, sinon, tous les anciens instituteurs, recrutés au niveau bac, auraient été mauvais, ce qui est loin d’être le cas. La rentrée est donc assurée globalement, mais pas forcément l’année. Beaucoup de ces contractuels vont jeter l’éponge, les contrats de certains ne couvrent pas toute l’année et donc, il va falloir des ajustements, mais une fois passée la rentrée, la pression médiatique est bien moins forte. Là encore, on va avoir recours à des contractuels, dont le pourcentage est en hausse globale, sans qu’on sache le pourcentage exact dans le primaire, car ces contrats englobent aussi le collège et les AESH, dévolus aux enfants handicapés, mais qui ne sont pas des enseignants. Le pourcentage de contractuels est toutefois en hausse constante.
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