Source [Causeur] En tant que Français, doit-on être plutôt Trump ou plutôt Biden ? L’avis d’Henri Temple
À moins de huit semaines de l’élection présidentielle américaine, que peuvent attendre les Français d’un succès (ou d’un échec) de Donald Trump dans son pari d’être reconduit pour quatre ans à la Maison Blanche ?
Dans l’élection américaine à venir, par-delà l’image agitée, et même antipathique, que ce président atypique ne peut ou ne veut s’empêcher de donner de lui, quels sont les enjeux pour les Français ?
Il faut faire abstraction de l’incroyable cirque politique américain, et des tensions extrêmes qui se font jour dans ce pays à propos de ses propres valeurs morales et culturelles (notamment dans le halo universitaire). Et se concentrer sur les objectifs de politique internationale respectifs de Trump et Biden, du moins ceux qui peuvent influer sur notre propre destin. C’est assez facile au demeurant, car Biden veut revenir aux axes traditionnels de la politique américaine : libre finance, libre commerce, impôts élevés, libre circulation des personnes (immigration), interventions militaires à l’étranger, maintien de l’OTAN, défiance vis-à-vis de la Russie, plus grande tolérance et partenariat économique vis-à-vis de la Chine. Bref, ce qui est plutôt négatif pour les Français, et alimente même chez nous un certain antiaméricanisme depuis plus de 50 ans.
Trump, lui, propose de se mettre à dos ce qu’il appelle le deep state washingtonien, ses obligés les médias mainstream, et les pseudos intellos-gauchistes et agressifs des campus, manipulés par certains financiers. Trump veut sortir du multilatéralisme qui l’oblige à faire ce qu’il ne veut pas. Quitte à menacer l’Otan et l’OMC dans leur existence ! Trump veut se rapprocher de la Russie et s’opposer à la Chine. Bruxelles, et souvent Berlin (Paris suivant les mots d’ordre) veulent l’inverse. Trump veut réindustrialiser son pays, cesser de gaspiller de l’argent et de l’énergie dans la défense de ses alliés historiques, et concentrer son budget défense sur la recherche militaire face à la Chine.
Trump peut-il encore gagner l’élection du 3 novembre ? Vu depuis les rédactions parisiennes systématiquement anti-Trump – qui s’étaient trompées en 2016 – cela semblerait inaccessible en raison d’un écart de voix stable, estimé à sept à huit points avec Biden. Mais c’est oublier que Trump avait gagné en 2016 face à Hillary Clinton malgré un écart négatif de votes (certes plus faible). D’autres facteurs propres à ce nouveau scrutin peuvent encore conduire au même coup de théâtre.
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