La mise en place du gouvernement Barnier à la fin de l’été laissait entrevoir une fusion entre les centristes macronistes et la droite Les Républicains. Après seulement quelques semaines de « cohabitation » entre ces formations politiques, l’entente s’avère glaciale et préfigure peut-être une nouvelle recomposition du paysage politique.
Si de nombreux débauchages de personnalités LR par le rouleau compresseur macroniste avaient eu cours durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le ralliement de l’appareil LR n’a jamais eu lieu et l’actuelle coalition gouvernementale s’apparente tout au plus à un Pacs qui pourra être rompu très rapidement.
Les sortants pas vraiment sortis, à l’image de Gabriel Attal, ont la dent dure contre les revenants incarnés par le Premier ministre Michel Barnier. L’ancien chef de gouvernement s’est montré hostile à la nouvelle équipe en place sur la question budgétaire et sur l’annonce d’une nouvelle loi immigration. Mercredi, c’est le ministre de l’Economie Antoine Armand qui mettait en garde son Premier ministre dans un entretien donné au Parisien sur le risque d’augmenter les impôts pour les entreprises. En septembre déjà, ce ministre avait été rappelé à l’ordre pour ses attaques contre le Rassemblement National que Michel Barnier n’entend pas s’aliéner pour éviter la motion de censure…
Le ministre de l’Ecologie Agnès Pannier-Runacher est aussi parmi ces ministres qui n’hésitent pas à tracer leur propre voie quitte à s’éloigner du « socle commun » rassemblant du centre gauche aux Républicains.
Une bataille de tranchées au sein du « socle commun »
Ces épisodes ne sont cependant pas des actes isolés et de véritables tensions traversent la majorité. Ainsi, Gabriel Attal s’est-il empressé de soutenir le ministre de l’Economie et les contacts entre parlementaires LR et élus macronistes sont réduits au strict minimum.
La faute aux troupes présidentielles ? Pas seulement. Si l’arrogance et le culte du « moi-je » d’un personnage comme Gabriel Attal doit évidemment agacer, il convient aussi de souligner la duplicité d’une partie de la droite dans cette alliance. Ainsi, depuis plusieurs semaines, des commissions au Sénat et à l’Assemblée reçoivent d’anciens membres du gouvernement mis en cause dans leur gestion déplorable des comptes publics. Gabriel Attal, Elisabeth Borne ou encore Bruno Le Maire sont ainsi passés sur le grill parlementaire. Les deux premiers siègent dans la même majorité que LR et ont été pris à parti par des élus LR lors de ces commissions - ce qui invite assez peu à la confiance.
Quoique l’on puisse penser du bilan des troupes macronistes, il convient de prendre en considération le fait qu’il est inimaginable de former une alliance pérenne et sereine avec des personnes qui se trouvent à la fois juges et partenaires…
Les différences qui opposent la droite LR et les macronistes peuvent sembler très légères, elles sont en réalité complexes et relèvent autant de fidélités divergentes que de sociologies parfois opposées.
Une telle alliance semble particulièrement précaire même s’il ne faut jurer de rien tant la vie politique française est changeante ces derniers mois.
La recomposition de la vie politique française qui semblait s’être opérée avec un grand bloc allant du centre droit au centre gauche pourrait encore largement évoluer d’ici l’échéance présidentielle de 2027.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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