Source [Boulevard Voltaire] : La France était appelée aux urnes, le week-end dernier, l’Italie aussi : des élections municipales partielles avaient lieu dans 971 communes. Certes, de grandes villes comme Rome, Milan et Naples n’entraient pas dans cette ronde d’élections : elles ont eu lieu en octobre 2021. Mais pour ce premier tour, un net avantage est donné à la droite italienne. De ces consultations locales, et alors que la grande bataille des législatives italiennes se tiendra au printemps 2023 et décidera du futur gouvernement, on peut tirer deux enseignements.
Tout d’abord, la droite italienne gagne ou est en ballottage favorable quand elle est unie en coalition. Ainsi, à Gênes, Palerme et L’Aquila, la coalition a gagné dès le premier tour.
Le cas de Palerme est emblématique : cette ville où Leoluca Orlando, de gauche, très actif dans la promotion de l’accueil des migrants clandestins depuis 2015, a été maire à cinq reprises en quarante ans, cette ville, donc, a élu un membre de Forza Italia, le parti de Berlusconi, plutôt orienté au centre droit.
À L’Aquila, c’est Pierluigi Biondi, du parti Frères d’Italie (Fratelli d’Italia), soutenu par la Ligue et Forza Italia, qui l’emporte. Plus étonnant, la victoire de la coalition menée par la Ligue à Messine, à l’extrême sud de la botte, tandis que Frères d’Italie, de Giorgia Meloni, s’implante dans le nord, devançant dans plusieurs communes la Ligue dont l’histoire est pourtant intimement liée à cette région.
Interrogé sur Rai 2, Maurizio Gasparri, proche de Berlusconi, explique que « c’est l’union qui fait la force » et que cela seul explique ces bons résultats. Salvini ne dit pas autre chose : « On ne gagne qu’en restant unis. »
À l’opposé de l’échiquier politique, la coalition de gauche PD-M5S (Parti démocrate, gauche, et Mouvement cinq étoiles) donne de moins bons résultats : les électeurs du mouvement populiste 5 étoiles - parti pourtant majoritaire au Parlement - n’étaient pas convaincus de la nécessité d’unir leurs forces à celle du parti de gauche… qui est par ailleurs en train de les absorber.
Du grain à moudre pour Giorgia Meloni, qui prend appui sur ces résultats pour réclamer à nouveau des élections législatives anticipées, puisque « la première force politique au Parlement [(M5S, NDLR] n’existe plus dans le pays ». Et d’ajouter : « Ce vote nous fait nous demander, et je le dis aux alliés [de la coalition, Ligue et Forza Italia, NDLR] s’il faut soutenir ce gouvernement et Mario Draghi. » « On ne gouverne pas le pays comme Belluno ou Palerme ! » lui a répondu Salvini. En dehors des élections, l’ambiance reste fraîche entre les deux alliés et néanmoins rivaux…
Car le deuxième enseignement de ce vote est la confirmation dans les urnes des prédictions sondagières : le parti de Giorgia Meloni, héritier d’Alliance nationale (issu du MSI), a dépassé la Ligue. Le parti de Salvini paie essentiellement sa participation prolongée au gouvernement Draghi, tandis que Giorgia Meloni, seule dans une opposition active et confortable, engrange les votes des transfuges de la Ligue et du M5S. Elle est donc en train de prendre le leadership de cette coalition de centre droit, rôle dévolu auparavant à Matteo Salvini.
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