Depuis le début de la crise en mars dernier, la réserve sanitaire s’efforce de fournir des bras aux hôpitaux les plus submergés par les patients Covid-19. Mais la tâche se complique, car désormais tout le territoire est touché.
L’appel résonne avec un brin de désespoir. Ce mercredi 4 novembre, le directeur général de l’Agence régionale de santé du Rhône, Pierre Pribile a demandé à "tous les soignants, quelle que soit leur profession, leur âge, quel que soit l'horizon d'où ils viennent, s'ils ont la possibilité de le faire, de venir en renfort auprès des hôpitaux de la région". La requête émane du territoire qui semble être l’épicentre de cette deuxième vague. Mais elle reflète l’état des hôpitaux partout en France, en manque criant de bras pour faire face au nombre croissant de patients Covid-19 en réanimation (4 080 ces dernières 24 heures) et d’admissions à l’hôpital (près de 18.000 en une semaine). Beaucoup ont tenté de recruter, en vain.
Par temps de crise sanitaire (épidémie, attentat, catastrophe naturelle), la France dispose bien de quelques ressources pour pallier ces manques. Mais face à un virus qui s’éternise et se déploie sur tout le territoire, les renforts s’affaiblissent. Tour d’horizon.
Depuis 2007 et l’épidémie de chikungunya sur l’île de la Réunion, la France dispose d’une réserve sanitaire de plusieurs milliers de soignants en tout genre. Elle a été activée dès le début de l’épidémie et la flambée des hospitalisations dans l’Est et le Nord en mars dernier. Forte de 22.000 volontaires inscrits, la réserve a réussi à fédérer près de 34.000 soignants en mai et jusqu’à 45.000 aujourd’hui. Lors de la première vague, c’est notamment grâce à son organisation que les hôpitaux parisiens et de l’Est ont pu recevoir de l’aide de soignants venus de départements moins touchés.
Pour faire face à la deuxième vague, le ministre de la Santé Olivier Véran avait appelé dès le 8 octobre "celles et ceux qui le peuvent à rejoindre les renforts à travers la réserve sanitaire ou les plateformes régionales pour venir prêter main-forte notamment dans les Ehpad, mais également dans les hôpitaux". Mais la mobilisation de ce vivier de soignants a des limites expliquait Catherine Lemorton, la responsable de cette réserve sanitaire auprès de Santé publique France dans les colonnes de La Croix : "Il faut savoir que l’immense majorité de nos réservistes sont des professionnels en activité. Seuls 10 % sont des retraités mais qui sont, du fait de leur âge, des personnes à risque donc difficilement mobilisables. Pour les autres, soit ils travaillent à l’hôpital et leurs directions ont besoin d’eux sur place. Soit ils exercent en libéral et ils doivent faire face à tous les soins qui ont été reportés depuis le début de la crise". D’autant plus que tous les soignants inscrits ne peuvent pas exercer en réanimation. "La réserve sanitaire n’est pas faite pour intervenir dans des crises aussi massives que celle du Covid", avait-elle conclu.
D’après les derniers chiffres communiqués par Santé publique France le 22 octobre dernier les effectifs déployés sur le terrain sont peu nombreux. Trois soignants sont ainsi mobilisés dans les Ehpad de la région Auvergne Rhône-Alpes, 55 pour renforcer les centres hospitaliers de la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint Barthélémy, 27 en Guyane et 25 en Martinique, quand 13 sont en Polynésie Française. Mayotte dispose, elle, de 16 réservistes "mobilisés pour la cellule de veille sanitaire de l’Agence régionale de santé". La région Occitanie en compte actuellement 18.
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