Source [Causeur] : On savait que, dans les mondes politique et médiatique, le discours était généralement dominé par le cliché et la formule toute faite. Mais aujourd’hui la prévisbilité et le psittacisme des déclarations de nos gouvernants sont devenus tels que la démocratie se trouve plus que jamais menacée par un ennemi implacable : l’ennui. Le billet de Philippe Bilger.
De la même manière que dans la vie sociale, médiatique, intellectuelle, je ne supporte pas la prévisibilité de certaines opinions et formulations, parce que ma hantise de l’ennui domine tout, je suis de plus en plus frappé sur ce plan par la pauvreté du discours politique, au pouvoir et dans les oppositions. Comme s’il y avait un immense vivier à disposition et que droite et gauche n’avaient qu’à y puiser sans rien changer.
Certes le fond n’est pas concerné, quoiqu’on pourrait soutenir qu’une forme étique a forcément une incidence sur la substance, mais je suis persuadé que la monotonie des échanges partisans n’est pas pour rien dans la désaffection citoyenne.
Il est parfois difficile de distinguer l’outrance de l’idée du simplisme de l’expression mais on parvient généralement à percevoir ce qui se rapporte à l’une ou à l’autre. Ainsi, quand Jean-Luc Mélenchon s’écrie que « la police tue » ou qu’Antoine Léaument, député LFI, rend « hommage » à Robespierre à Arras, malgré l’absurdité des mots, on est plus dans la perversion de l’idéologie.
À un certain moment, je trouvais les indiscutables poncifs du style politique tellement frappants que j’avais envie d’écrire un livre qui aurait compilé la multitude de ces expressions toutes faites. Elles relèvent de la paresse de l’esprit autant que du confort procuré par le ressassement de ce qu’on n’a même plus à élaborer. On répète ce qu’un jour on a dit, qui copiait les banalités du passé et servira à l’avenir.
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