Source [Atlantico] : A l'occasion de son interview accordée au "20 Heures" de France 2, lundi 9 décembre, l'ancienne chancelière s'est exprimée notamment sur la situation en Syrie. "L'Allemagne, pendant mes mandats, a accueilli beaucoup de réfugiés syriens. (...) Je crois que la décision que j'ai prise à l'époque, d'accueillir les réfugiés, était la bonne décision", a-t-elle déclaré.
Atlantico : Quel est le bilan politique de l’ouverture des frontières allemandes, décidé par Angela Merkel, en 2015 ? La crise politique actuelle en Allemagne est-elle l’héritage de cette crise migratoire ? La campagne des futures législatives anticipées sera-t-elle marquée par la question migratoire ?
Alain Wallon : Avant de parler de bilan, je crois nécessaire de donner des éléments de contexte. « Wir schaffen das » (« nous y arriverons ») : ces trois mots ont fini, à force d’être répétés par Angela Merkel, par acquérir le statut de phrase historique. « Il nous faudrait une politique européenne commune en matière d’asile », déclarait-elle précédemment sur la ZDF en août 2015. Pourtant, c’est sans crier gare, sans consultation préalable des autres Etats membres qu’elle donna deux semaines plus tard son accord à l’Autriche pour ouvrir les frontières allemandes au flot de réfugiés qui, par la route dite des Balkans, parvenaient en Europe. Pourquoi cette orfèvre du compromis décida-t-elle de court-circuiter ses partenaires européens en prenant une décision majeure qui les touchaient directement et dont certains effets se prolongent encore aujourd’hui ? De fait, dès 2015, ce sont près de 900.000 demandeurs d’asile qui sont entrés en Allemagne, certains étant ensuite accueillis principalement par l’Autriche et la Suède. La majeure partie venait de Syrie, fuyant quatre ans de guerre et d’une répression sanglante menée contre son propre peuple par Bachar Al Assad, avec l’appui des bombardiers de son allié Vladimir Poutine et ce jusqu’au recours aux armes chimiques. Irakiens et afghans complétaient ce véritable raz-de-marée humain d’un million de réfugiés. Une crise migratoire inédite s’installait sur notre continent et l’Union européenne n’y était pas préparée, se contentant de s’appuyer tant bien que mal sur la convention de Dublin devenue entretemps le Règlement Dublin III, seule base légale commune du traitement des demandes d’asile.
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