Source [Boulevard Voltaire] : C’est fait, le Sénat a voté la réforme des retraites : 195 voix pour, 112 contre, 37 abstentions. Emmanuel Macron et Élisabeth Borne peuvent dire merci à la droite sénatoriale.
Rappelons que ce projet de loi, sur lequel se sont prononcés les sénateurs, a été adopté en vertu d’un vote bloqué déclenché par le gouvernement et que le contenu des articles 9 à 20 du texte a été arrêté par ce même gouvernement. Bruno Retailleau a beau déclarer que si la droite sénatoriale a voté cette réforme, c’est « parce que c’est notre réforme », car « c’est ici qu’elle est née », parce que « nous l’avons modifiée », il n’est pas certain que tous les électeurs de droite voient cela comme une victoire. Au plan comptable, immédiatement, peut-être. Mais politiquement et à moyen terme, il faudra voir. D’aucuns ironisent, d’ailleurs, sur des LR qui ont « fait moins de 5 % à la présidentielle » et qui pèsent pour que cette réforme se fasse alors que les sondages indiquent qu’une grande majorité des Français y est opposée.
Les Français massivement contre ? Pas si l’on en croit le sénateur macroniste et ancien socialiste François Patriat. Celui qui, récemment, voyait des exosquelettes partout sur les chantiers, vient de déclarer à la tribune du Sénat : « Je trouve que ce texte est à la fois nécessaire et protecteur. Et d’ailleurs, les Français ne s’y trompent pas quand ils disent aujourd’hui à 8 pour 10 qu’ils pensent que le texte sera voté, ça n’est pas par notre entêtement ; parce qu’ils savent très bien en eux-mêmes que ce texte, il est nécessaire pour assurer la survie du service pour demain… » C’est une façon d’interpréter les sondages. En Macronie, on sait ce qui est bon pour le peuple. On sait même penser pour lui. D’autant que le peuple ne pense pas. Une autre façon d’interpréter ce « 8 pour 10 » serait de dire que les Français sont tout simplement résignés. Ce qui n’est pas forcément très bon, à bien y réfléchir.
Mais il faut écouter un autre homme de gauche – si tant est que Patriat soit un homme de gauche -, le sociologue Jean Viard, candidat malheureux sous l’étiquette En Marche !, face au LR Julien Aubert aux élections législatives de 2017 dans le Vaucluse, qui s’exprimait, samedi soir, sur le plateau de l’émission de Léa Salamé « Quelle époque ! » : « Je pense que là, ils vont passer en force… Cela va renforcer l’extrême droite. » « Est-ce que ce n’est pas un peu rapide ? », lui rétorque Salamé. Réponse de Viard : « C’est le plus probable. Pourquoi ? Parce que ça laisse dans les milieux ouvriers une énorme souffrance qui leur laisse le sentiment d’être méprisés. » Et le sondeur Brice Teinturier de poursuivre et d'abonder dans le sens de Jean Viard : « Il y a eu vraiment le sentiment de la part des Français de ne pas être, non seulement écoutés, mais compris par la façon dont ils vivent et dans leurs aspirations… Au-delà de la compréhension, on leur impose quelque chose alors même que l’enjeu de leur vie, c’est de pouvoir choisir le moment où ils veulent partir… »
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