Source [Boulevard Voltaire] Depuis le début de son mandat, un pays obsède Donal Trump : l’Iran. Il y a plusieurs raisons à cela. L’Histoire, tout d’abord. La révolution islamiste de 1979 a emporté le régime du chah, qui était un allié indéfectible des États-Unis. Cette révolution a, en outre, été le théâtre de la grande prise d’otages des employés de l’ambassade américaine à Téhéran. Elle a duré plusieurs mois et fut une grande humiliation pour les États-Unis. Les forces spéciales envoyées pour les libérer avaient échoué et le crash d’un avion avait provoqué de nombreuses victimes parmi les commandos américains.
Trump, comme beaucoup d’Américains, n’a pas oublié tout cela et sa haine du régime des mollahs (religieux chiites) est profonde. Mais l’Iran est aussi l’ennemi numéro un d’Israël. Depuis des lustres, Israël n’a de cesse d’œuvrer, avec les États-Unis, à la destruction des régimes, voire des pays, pouvant constituer une menace pour sa sécurité. Ce fut le cas pour l’Irak de Saddam Hussein, cela a failli l’être pour la Syrie de Bachar el-Assad.
La Russie, redevenue une grande puissance géopolitique, a saisi l’occasion d’un assouplissement du régime iranien, suite à l’élection de Rohani à la présidence, pour faire revenir l’Iran dans le concert des nations fréquentables. Cela passait par un accord afin que l’Iran cesse ses efforts pour se doter de l’arme nucléaire. Après de laborieuses négociations, Barack Obama, les Européens, la Russie et la Chine signèrent un traité à Vienne, le 14 juillet 2015.
Trump a toujours dénoncé cet accord et, tout au long de sa campagne électorale, avait annoncé qu’il le dénoncerait et que les États-Unis s’en retireraient. Ce qu’il fit, le 8 mai 2018, malgré l’opposition unanime des autres signataires. À l’appui de ce retrait, il a prétendu que les Iraniens ne respectaient pas le traité et poursuivaient leurs recherches, ce qu’ont démenti les inspecteurs internationaux présents sur place.
Mais cela ne suffit pas à Trump : ce qu’il veut, c’est abattre ce régime honni. Ne pouvant envisager une invasion contre un pays de 80 millions d’habitants au nationalisme ombrageux, il utilise l’arme des sanctions, interdisant à tout pays de la planète de commercer avec l’Iran. De grandes entreprises françaises ont, ainsi, quitté le pays, la mort dans l’âme, cédant au diktat américain. L’idée est d’appauvrir la population à un point tel qu’elle se révoltera.
Calcul cynique et aléatoire. En attendant, le régime iranien ne compte pas se laisser faire et annonce qu’il bloquera le détroit d’Ormuz si on l’empêche d’exporter son pétrole. Cela contrarierait fortement le commerce du Qatar, du Koweït, des Émirats arabes unis et d’une partie de l’Arabie saoudite, tous alliés des États-Unis, dans le cadre de leur grande alliance historique avec l’axe sunnite.
Les Américains ne toléreront, évidemment, pas une telle éventualité et la tension est montée, ces derniers jours : plusieurs pétroliers saoudiens ont été sabotés et des drones ont été envoyés sur des stations de pompages de pétrole en Arabie saoudite. Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, ont revendiqué l’attaque, mais les observateurs y voient la main directe de l’Iran.
La flotte américaine patrouille près des côtes iraniennes et l’Iran se dit prêt à se défendre. Le conseiller John Bolton, un ancien de l’administration Bush qui n’a jamais regretté la calamiteuse intervention américaine en Irak, fait feu de tout bois et veut accélérer le renversement du régime iranien.
En réalité, les choses n’iront probablement pas jusque-là et Trump a déclaré : « C’est moi qui modère John, c’est incroyable n’est-ce pas ? »
Mais l’Arabie saoudite, qui rêve d’affaiblir l’Iran, avance aussi dans cette stratégie de la tension, tandis que Pékin et Moscou appellent à la retenue.
Cette partie de poker menteur n’est finalement pas sans danger.
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