La nouvelle défaite du camp présidentielle fait dire à beaucoup d’analystes et de macronistes que le « macronisme » est mort. On peut aussi penser que non. Ce qui se cache derrière cette notion jupitérienne est avant tout un individualisme démagogique qui a de beaux jours devant lui.
«La macronie est terminée». Cette phrase que l’on pourrait prêter à un élu d’opposition est de Gilles Le Gendre, ancien président du groupe LREM à l’Assemblée et soldat fidèle d’Emmanuel Macron. Non-investi pour les législatives de 2024, il règle ses comptes et estime que le « macronisme […] en tant que force de transformation du pays dans le cadre d'un programme cohérent, c'est terminé ». Déçu, il vante néanmoins les vertus du « en même temps » qu’il présente comme une « idée forte du dépassement » qui a aurait été abandonnée depuis 2022…
L’ancien élu, qui s’était distingué en affirmant en 2018 qu’une erreur de la majorité avait consisté à « avoir probablement été trop intelligent », lâche donc son maître et jette son héritage aux orties.
D’autres responsables politiques, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, disaient déjà il y a trois semaines que le président était « fini », Jordan Bardella estimait de son côté, un peu audacieusement, que « la Macronie » a « probablement été un phénomène de mode » ; même le très docile journal Le Point, publiait jeudi 11 juillet un article intitulé « la fin de la maison Macron ».
Le petit marionnettiste de l’Elysée
Pourtant le président tire toujours les ficelles. Il a gouverné deux ans sans majorité absolue, son parti n’a jamais été implanté dans le pays et ne détient pas de grandes agglomérations mais a dominé la politique nationale pendant sept années. Avec la dissolution et l’éparpillement parlementaire qui en résulte, il se pose en recours jouant le coup du « garant des institutions ». Rien n’indique pour l’heure qu’il ne parviendra pas à obtenir une coalition en évinçant La France Insoumise ou en séduisant une partie des LR même si un tel scénario n’est pas d’actualité pour le moment.
Si demain la France est dirigée par un gouvernement technique, il restera le garant des institutions et montrera que sans lui, rien ne se fait. Faute de réformer et de gouverner, il présidera toujours.
Dans l’hypothèse d’un gouvernement défavorable au président, il pourra toujours dissoudre à nouveau dans un an et tirer dans les pattes du chef du gouvernement d’ici-là !
La vraie nature du macronisme
Ce que l’on peut qualifier de « macronisme » n’est pas « En Marche », « La République en Marche » puis « Renaissance » et « Ensemble ». Le macronisme, c’est lui : Emmanuel Macron. La politique au service d’une ambition personnelle, l’individualisme brut et brutal. Emmanuel Macron n’a pas hésité à sacrifier sa majorité comme un enfant capricieux casse un jouet qui lui déplait après s’en être servi.
A la veille des Jeux Olympiques, sans se soucier des potentielles conséquences pour le pays et l’organisation de cet évènement. De la même manière, le président a appelé à faire barrage au Rassemblement national et appelle désormais à faire barrage aux Insoumis imposant ses lubies du moment au gré de ses humeurs et de ses besoins.
Ce que le président appelle le « en même temps » n’est pas un équilibre ou un compromis, c’est une démagogie permanente. Selon la vieille formule, il « gouverne mal mais se défend bien ». Habile calculateur, il sera au pouvoir encore trois ans et pourrait encore nous surprendre. Pour comprendre Emmanuel Macron, il convient donc non pas de se demander comment il peut chercher à faire gagner le centre mais plutôt comment il peut, lui, sortir vainqueur.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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