Source [Le Figaro] Philippe Nemo prend position très fortement contre le projet du ministère de l’Enseignement supérieur, qui semble avoir été accepté par plusieurs grandes écoles, d’accorder dorénavant par principe des points supplémentaires aux candidats boursiers à leurs concours.
Les enragés de l’égalitarisme ont tant et si bien fait qu’ils sont parvenus à dégrader à peu près tout ce qui marchait dans l’enseignement en France. Mais, jusqu’à présent, ils n’avaient pu toucher aux grandes écoles. C’est la raison pour laquelle, sans doute, le pays compte encore un fort contingent de scientifiques, d’ingénieurs et de managers de bon niveau. Hélas, ce dernier bastion est désormais menacé. À l’initiative de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, on risque d’altérer profondément les concours d’entrée des écoles en distribuant des «points bonus» aux étudiants boursiers sur le seul motif qu’ils sont boursiers.
Ainsi, le recrutement de ces hauts lieux de formation - Polytechnique, les écoles normales supérieures, HEC - ne se ferait plus selon les seules capacités intellectuelles objectivement mesurées, mais selon des impératifs politiques. Pour avoir chaque année la proportion souhaitée de boursiers, on se propose de manipuler les notes, trafiquer des poids et mesures, forcer la main aux jurys, pourtant réputés souverains.
Qu’y a-t-il donc de si mauvais dans les concours des grandes écoles? Les épreuves écrites anonymes ne privilégient ni n’excluent personne. Et si le non-anonymat de l’oral introduit quelque biais, c’est plus en faveur des boursiers qu’à leur détriment. Car, dans les matières où le qualitatif et l’intuition jouent un rôle, par exemple les épreuves d’entretiens ou les épreuves littéraires, les jurys - je le sais pour y avoir participé de nombreuses années - ont tendance à considérer avec faveur les candidats des différentes «diversités» dont ils discernent qu’ils ont un fort potentiel puisqu’ils sont parvenus jusqu’à cette étape ; le même discernement peut les motiver, à l’inverse, à faire preuve d’une certaine sévérité à l’égard de candidats qui ont eu tous les avantages et, faute de travail, n’en ont pas tiré tout le profit qu’ils auraient dû.
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