Source [Conflits] : Haut fonctionnaire, diplomate, ambassadeur en Malaisie puis à deux reprises à Alger, Xavier Driencourt connaît parfaitement la machine diplomatique française. Les évolutions politiques et la réforme du corps diplomatique discréditent ce levier de puissance essentiel à la France.
De Westphalie à aujourd’hui, la France a su développer un outil diplomatique performant qui est parvenu à évoluer avec le temps. Quand est véritablement née la diplomatie contemporaine française ?
Notre diplomatie contemporaine est un héritage de l’après-Seconde Guerre mondiale, et du coup de génie, ou de « l’entourloupe » pourrait-on dire, du général de Gaulle en 1945, d’avoir réussi à faire croire que le France faisait partie des vainqueurs. La France Libre ne justifiait peut-être pas cette place immédiatement, et pourtant la France a pu signer l’armistice avec l’Allemagne, et elle s’est retrouvée membre du Conseil de sécurité avec droit de veto. Notre diplomatie actuelle vient de là.
Les fondamentaux de notre diplomatie sont à peu près celles-ci : indépendance, souveraineté nationale, multilatéralisme, confiance dans les organisations internationales, négociations, puis à partir des années 1950, la construction européenne.
Je me souviens qu’un ancien ambassadeur britannique m’avait fait une excellente remarque à ce sujet. Il soulignait que les Français étaient très bons pour lancer des idées, « faire des coups » pourrait-on dire, mais sans parvenir à les concrétiser. Les Anglais, eux, sont moins créatifs, car ils doivent trouver en réunion de cabinet un consensus. C’est une diplomatie plus collégiale, mais ils parviennent à avancer. Dans la Communauté européenne, au cours des années 1990, tous les pays équipaient leurs voitures de phares jaunes. La commission avait décidé un beau jour qu’il fallait des phares blancs. Tout le monde savait qu’optiquement, les phares jaunes sont meilleurs pour les yeux. Mais les Britanniques avaient chez eux des phares blancs et ne voulaient pas les remplacer, donc ils ont réussi à imposer la norme des phares blancs à tout le monde. C’est l’exemple que donnait l’ambassadeur britannique dont je parlais.
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