Source [Causeur] : Toute la presse nationale du jour est dithyrambique au sujet des records de notre nageur Léon Marchand. Même Causeur s’y colle, alors…
Impérial, en effet, ce gamin qui, tel Lucky Luke Colt au poing, nage plus vite que son ombre. La France n’attendait que cela, un événement transcendant, le truc qui fait qu’on passe soudain de l’événement à l’épopée. Dans ce registre, nous ne pouvions espérer mieux que ce qui se produit sous nos yeux ces heures-ci. Sortis des eaux, à la manière d’une divinité antique, voilà que naissent une légende, un héros, une icône qu’on peut acclamer, admirer, aduler sans partage, sans calcul, avec une joie saine, pure, intègre, une joie d’enfant. Je persiste, la France avait grand besoin de cela. Elle était en manque d’admiration. Je veux dire d’objet ou de sujet digne d’admiration. Elle l’a.
Elle l’a avec ce garçon, Léon Marchand, impérial comme je l’ai dit, souriant, sympathique, sobre dans le triomphe, simple dans sa gloire. Tout s’est arrêté pour le suivre. Les autres épreuves ici ou là ont suspendu leur vol, un match de foot amical a été interrompu. Encore une fois, on est bien au-delà de l’événement proprement dit. Il s’agit du bonheur. Du bonheur dans son acception la plus exceptionnelle : le bonheur national. Dès lors, quoi qu’il advienne au tableau des victoires, des médailles, des échecs, ces Jeux auront été un moment privilégié dans notre France du moment.
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