Source [Boulevard Voltaire] Qu’on la nomme émeute, jacquerie ou rébellion, la vague jaune n’en finit plus de gagner du terrain, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique et en Bulgarie. Interrogé, le 12 janvier dernier, par France Info sur cette contagion, Patrick Martin-Genier, emblématique « spécialiste en questions européennes », affirme que « contagion » il n’y a pas, « car les revendications ne sont pas les mêmes », hormis la « revendication salariale ». Ainsi, à propos de nos voisins britanniques : « Beaucoup de gilets jaunes accusent Theresa May d’avoir trahi le vote des électeurs, et beaucoup parmi eux veulent que ce pays parte de l’Union européenne. »
On remarquera que la défiance vis-à-vis de la Commission européenne est un autre point commun entre les gilets jaunes du Vieux Monde, ce qui a manifestement échappé à ce fin limier. En revanche, il en est un autre, relevé par notre « spécialiste », soit celui consistant à être tous peu ou prou manipulés par l’extrême droite : « En Allemagne, les gilets jaunes sont des gens qui manifestent contre Angela Merkel et ils évoluent essentiellement dans le cadre de l’extrême droite. » C’est vrai… on se disait, aussi. Parallèlement, Patrick Martin-Genier remarque qu’en Angleterre, « des gens d’extrême gauche […] veulent absolument que ce pays sorte de l’Union européenne ». Ce n’est donc plus la seule « extrême droite » qui serait à la manœuvre, mais également « l’extrême gauche ». Il faudrait savoir…
De même, à propos de ces Bulgares qui se mettent à leur tour à arborer le fameux gilet, notre « spécialiste » affirme qu’ils « veulent lutter contre la corruption du gouvernement ». Là, plus de trace de la « revendication salariale ». On ne sait pas combien est payé cet administrateur de l’Association Jean-Monnet. Beaucoup trop, manifestement.
Nos confrères belges de la RTBF et de RTL.be font, eux, preuve de plus de retenue à propos de la situation de leur pays où, au risque de contrarier Patrick Martin-Genier, les revendications paraissent être similaires à celles des Français, avec des actions qui n’en finissent plus de monter en intensité, tel le siège, ce samedi dernier à Mons, du domicile privé du maire Elio Di Rupo, ancien Premier ministre et actuel président du Parti socialiste. Là encore, pas de trace de droite ou de gauche, « extrême » ou pas…
Emmanuel Macron et ses homologues européens paraissent bien désarmés face à ces gilets jaunes n’en finissant plus de faire tache d’huile. Idem pour notre « expert », lui aussi représentatif de nos « élites », politiques autant que médiatiques. Il est vrai que ce mouvement ne ressemble à aucun autre. Traditionnellement, on manifeste pour des objectifs précis : abrogation ou création d’une loi, augmentation des salaires ou des retraites. Là, c’est autre chose de plus profond. Les gilets jaunes savent-ils exactement ce qu’ils veulent ? Rien n’est moins sûr. En revanche, il est un fait avéré qu’ils savent très bien ce dont ils ne veulent plus.
Dans ce registre plus sociétal que social, il y a, bien sûr, eu le précédent de la Manif pour tous, qui portait la même dimension symbolique. D’un côté, la famille et le mariage traditionnels : un papa et une maman plutôt que deux papas ou deux mamans. De l’autre, la défense de ce qui demeure d’un mode de vie tout aussi traditionnel : plutôt que de refaire le monde, les gilets jaunes voudraient bien qu’il ne se défasse pas trop.
On voit mal comment les mantras des « experts » agitant le spectre de tel ou tel « extrême » et les moulins à prières d’un rêve européen virant chaque jour davantage au cauchemar pourraient être d’une quelconque efficacité devant ce malaise d’ordre existentiel.
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