Source [Boulevard Voltaire] : C’est le moment décisif de cette campagne atypique et toujours incertaine, quoi qu’on en dise. Le débat d’entre-deux-tours se tiendra le 20 avril, à 21 heures, sous la houlette de Léa Salamé (France Inter et France 2) et Gilles Bouleau (TF1). Il sera multidiffusé sur France 2, TF1 et sur les quatre chaînes d’information en continu. La candidate du RN se prépare assidûment à ce rendez-vous qui prendra nécessairement des allures de revanche sur son duel avec le même Emmanuel Macron, en 2017, devant 16 millions de téléspectateurs. L’affrontement avait à l’époque tourné pour elle au fiasco. Marine Le Pen a porté cet échec comme un boulet durant cinq ans, puis durant toute la campagne électorale, jusqu’à son succès au premier tour. Le spectre de ce rendez-vous majeur revient donc à ce moment crucial. Car Marine Le Pen est systématiquement donnée perdante dans les derniers sondages d’intentions de vote. Et pourtant, rien n’est joué, Marine Le Pen et Emmanuel Macron le savent.
D’abord parce que l’écart dans les sondages entre les deux finalistes n’est plus le même : le retard de Marine Le Pen sur le président de la République candidat n’est plus que de cinq à dix points. C’est une distance substantielle mais pas impossible à combler : de nombreux Français n’ont pas encore fait leur choix. Marine Le Pen peut encore puiser des soutiens chez les électeurs de Mélenchon au premier tour et parmi les abstentionnistes. « Il suffit qu’elle convainque un peu plus d’abstentionnistes et un peu plus de mélenchonistes pour que la bascule penche de son côté », confirme le politologue Guillaume Bigot (CNews, Sud Radio). La candidate ne renouvellera pas les erreurs d’il y a cinq ans où elle était arrivée épuisée, mal préparée et trop confiante. Cette fois, elle s’est ménagé une préparation minutieuse et des journées complètes au calme pour travailler ses fiches et s’entraîner face à de vrais-faux adversaires.
Deuxième atout et de taille, son adversaire n’est plus le même : Macron n’est plus seulement pour les Français une promesse de jeunesse et de bonheur. Il a un bilan dont le moins qu’on puisse dire est qu’il présente quelques failles : dette abyssale, pouvoir d’achat en berne et immigration galopante en tête.
Troisième différence, les deux duellistes du second tour connaissent l’histoire. Ils savent que ce débat est le rendez-vous média le plus important dans la vie politique et qu’il a une influence certaine sur le corps électoral. En clair, un bon débat peut renverser la vapeur sondagière. « Cela peut changer la donne », confirme Guillaume Bigot. L'affrontement résume un rapport de force. « Il y a une cristallisation de l’élection sur le débat et une cristallisation du débat sur une ou deux phrases », résume Guillaume Bigot.
En 1974, le duel Mitterrand-Giscard retourne la situation d'une phrase prononcée par Giscard : « Vous n'avez pas le monopole du cœur ! J'ai moi aussi un cœur qui bat dans ma poitrine. » « Il y avait une dynamique forte dans l'opinion en faveur de Mitterrand, mais Mitterrand va échouer car il a perdu son débat », rappelle Guillaume Bigot. En 1981, Mitterrand prend sa revanche et étrille Giscard, déjà moqué pour son côté supérieur : « Je ne suis pas votre élève et vous n’êtes pas mon professeur », lance le candidat socialiste. Pour Guillaume Bigot, « l’arrogance du giscardisme, après l’affaire des diamants ou la polémique sur les éboueurs reçus à l’Élysée, se condense en quelques mots ». Quelques mots feront à nouveau la différence lors du débat de 1988 entre Mitterrand et Chirac. Madré, Mitterrand a exigé une table de même dimension que celle du Conseil des ministres, où il fait face à son Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac, rappelle Bigot. Chirac explique d’emblée qu’il n’est plus Premier ministre mais qu’ils sont deux candidats à égalité. Il ne l’appellera donc plus « Monsieur le Président » mais « Monsieur le Premier ministre » : « Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre », réplique Mitterrand, imperturbable. Il s'est drapé dans son costume de Président, installant une joute inégale. « L’élection est faite », ponctue Guillaume Bigot.
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