Dans le cadre des conférences que nous organisons mensuellement à l'espace Bernanos, à Paris, je recevais, il y a quelques jours, trois auteurs ayant chacun écrit un livre décrivant la grande souffrance personnelle à laquelle ils ont été confrontés. L’amphithéâtre débordait, ce qui montre que le sujet est d’importance. Les témoignages qu’ils nous ont livrés ont permis l’ouverture de multiples pistes de réflexion sur une problématique qui touche sans distinction chaque être humain : celle de la souffrance.
Samul Pruvot a failli être emporté par une maladie soudaine, rare et d'une extrême gravité, et raconte dans son dernier livre, de façon allégorique, ce qu'il a vécu (Peau rouge, chez Salvator). Bernard Noirot-Nérin, dont l’épouse a été très proche de la mort à la suite d’un accident de bicyclette, évoque ce drame dans un livre poignant (Vous avez dit que j'allais mourir, chez Parole et silence). Clotilde Noël, mère de famille nombreuse, évoque dans son ouvrage Tombé du nid (chez Terra Mare) les obstacles effrayants mis sur sa route par l’administration pour qu'elle ne mène pas à bonne fin son projet d'adopter un enfant trisomique, qui aurait dû mourir, puisqu’un enfant trisomique a peu de chance d’échapper à un avortement.
Entre ces trois auteurs, un point commun, aussi surprenant que réjouissant : ils ont témoigné avec une sérénité peu commune de la souffrance qu'ils ont vécue. La question qui venait sur les lèvres des très nombreux participants était donc la suivante : comment est-il possible de supporter de telles épreuves de façon aussi sereine ?
En réponse aux questions posées par la salle sur ce registre, il s'est instantanément créé une connivence étroite entre les trois intervenants. Les mots qu'ils employaient étaient les mêmes : amour inconditionnel, confiance, chaleur familiale, don aux autres, acceptation sereine etc. Surplombant ces expressions « humaines », une affirmation récurrente : les trois auteurs ont exprimé une foi religieuse inébranlable, les nourrissant quotidiennement de la force indestructible de l'espérance.
L'un d’entre eux a développé une belle formule, qui mérite d'être médité : « Nous n'avons qu'une seule vie, qui commence sur terre et se prolonge par la vie éternelle : comment, dans ces conditions, ne pas être porté par la joie et l’espérance, quelle que soit la souffrance qui nous accable ? ».
Dans les temps compliqués que nous vivons, il n'est pas inutile de nous faire rappeler à l'ordre par des témoins admirables qui souffrent ou ont souffert dans leur chair : quel que soit notre degré de souffrance, nous disent-ils, l'espérance doit nous habiter !
François Billot de Lochner.
Président.
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