
Le dimanche 6 avril, plusieurs partis politiques et organisations avaient appelé à des mobilisations. Tous se sont félicités des résultats obtenus, pourtant les chiffres, quels qu’ils soient, sont faméliques et témoignent d’un désintérêt populaire pour ces agapes militantes.
De 5 000 à 10 000 personnes pour le Rassemblement National, qui contestait l’inéligibilité de sa patronne ; de 3 000 à 15 000 pour les Insoumis et leurs affidés, qui manifestaient à moitié contre le RN, à moitié pour la Palestine ; et enfin, de 5 000 à 9 000 participants revendiqués (pour une salle de 5 000 places…) pour la réunion publique de Gabriel Attal à Saint-Denis, où probablement moins de 5 % de l’auditoire était résident dionysien. Ces chiffres sont assez minables, mais ils ont donné lieu à une cure d’autosatisfaction dont nos politiques ont l’habitude.
Le RN renoue avec la rue pour défendre sa patronne
Côté RN, le parti n’avait pas organisé de manifestation depuis dix ans, par peur de voir ses militants déraper devant les médias ou de devoir gérer des actions d’organisations radicales, de gauche comme de droite. En une décennie, il n’a finalement daigné sortir qu’une seule fois, après le 7 octobre. Les mobilisations après les meurtres de Thomas, Philippine ou Lola n’ont pas eu cet égard. La manifestation parisienne du RN a été un échec numérique cuisant. Malgré des cars affrétés et la quasi-obligation imposée aux députés, flanqués de leurs assistants, de s’y rendre, les photos témoignent d’une mobilisation très modeste, et les sondages révèlent un certain désintérêt pour la condamnation de Marine Le Pen.
LFI, machine à confusion et à division
De son côté, La France Insoumise fait de la manifestation un outil d’agitation permanente. Accolée aux mouvements sociaux, elle connaît la marche à suivre, mais en dehors des manifestations unitaires pour les retraites, elle peine à mobiliser. Et lorsqu’elle y parvient, c’est uniquement auprès d’une population urbaine – certains diront bourgeoise. Le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon compense son plafond de verre électoral par ces démonstrations de rue où black blocs côtoient guignols aux cheveux bleus, punks à chien et bobos en mal de sensations fortes. Mais cette fois, la mayonnaise n’a pas pris. Les Insoumis ont surtout exposé leur désunion avec leurs alliés écologistes et une certaine forme de sectarisme, le député Boyard ayant été prié par la matrone LFI Mathilde Panot de ne pas tendre la main à Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.
Attal, le vide au centre
Enfin, le rassemblement de Gabriel Attal à Saint-Denis était probablement le plus pathétique des trois. L’ancien Premier ministre surjoue sa communication en posant avec une casquette et une montre valant dix SMIC, dans un mélange glauque entre Trump et Séguéla. Le contenu de son discours est convenu : de l’anti-RN primaire et une posture centriste vieillie par huit pénibles années de macronisme. Jeune premier, sorte de Macron sans charisme ni diplôme de l’ENA, Attal alterne entre volontarisme et victimisation. Probablement pas à la hauteur pour briguer la présidence, il aura du mal à conclure des accords avec le centre-droit et ne devrait guère séduire davantage ses anciens camarades socialistes.
Ces trois mobilisations dominicales témoignent, par leur faible affluence, du désintérêt de l’immense majorité des Français pour ces moments militants. Désabusés par des partis tout en verticalité, leur gestion clanique et leur communication intempestive, écœurés par les multiples affaires et la corruption, usés par des échecs comme celui des Gilets Jaunes pour les uns ou celui des retraites pour les autres, de nombreux Français sont désenchantés. Et ils ont de bonnes raisons de l’être.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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