L’introuvable fusion populo-conservatrice

La candidature annoncée de Bruno Retailleau, qui affrontera Laurent Wauquiez, dessine les prémices de la demi-finale à droite en vue de 2027. Loin devant son concurrent, le ministre de l’Intérieur se trouve également très éloigné de Marine Le Pen. Cette dernière, en progression constante, devra probablement passer par une alliance pour espérer ravir le pouvoir.

La droite bouge encore. Alors que l’on pouvait penser que la participation des Républicains à un attelage gouvernemental allant du centre gauche macroniste à Bruno Retailleau discréditerait la droite parlementaire, il n’en est rien. Le ministre de l’Intérieur voit sa cote de popularité grimper au point qu’il entend se positionner pour 2027. Les ambitions de Laurent Wauquiez semblent réduites à néant par la comète vendéenne… Autre candidat de la sphère LR, David Lisnard, maire de Cannes, entend incarner une ligne de rupture s’inspirant de Javier Milei en Argentine ou même de Musk aux États-Unis. Un créneau qui existe, mais qui est probablement insuffisant, d’autant plus que le dissident du parti, Éric Ciotti, occupe aussi ce terrain.

Marine Le Pen, ultra-favorite, demeure suspendue à une décision judiciaire attendue le 31 mars dans le procès des assistants parlementaires. Quant à Éric Zemmour, il semble partir de très loin et peinera à créer une dynamique lui permettant de dépasser les 5 % (et les candidats socialistes et LR) lors de la prochaine élection présidentielle. Marion Maréchal et son parti Identité et Liberté semblent aussi cantonnés à un rôle de soutien à un candidat, en l’occurrence Marine Le Pen. Enfin, une candidature souverainiste, au sens « Frexit », d’envergure apparaît aujourd’hui numériquement impossible.

Dès lors, une question doit se poser : une des composantes de la droite peut-elle l’emporter seule ? C’est là tout l’enjeu de la bataille que vont se livrer les « ténors » de la droite. L’habituelle ritournelle sur « l’union des droites » va revenir avec insistance, mais elle apparaît, comme hier, impossible. Il s’agira plutôt, pour l’écurie qui voudra accéder au pouvoir, de trouver la juste formule populo-conservatrice. Il conviendra de toucher les classes populaires et les classes moyennes inférieures sans effrayer les cadres et les grandes fortunes qui, à défaut de peser numériquement, donnent de la crédibilité à une candidature, rassurent les marchés et les partenaires internationaux. La synthèse populaire et conservatrice n’est pas impossible : elle permet d’éviter l’écueil de la lutte des classes et ne cantonne pas le champ des « valeurs » à une élite privilégiée. Un juste équilibre qu’il convient de trouver, de mettre en musique et de rendre audible au plus grand nombre.

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique