Saturation de l’espace médiatique, Trump/Macron : bonnet blanc et blanc bonnet

S’il y a peu de ressemblances entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue français, Emmanuel Macron, tous deux ont néanmoins en commun un besoin permanent d’occuper l’espace médiatique.

Dans une période de surabondance informationnelle, cette technique peut aussi bien servir à détourner l’attention qu’à désintéresser un public ou un électorat lassé par les polémiques.

La rencontre entre les deux présidents était attendue en France, probablement moins aux États-Unis. Emmanuel Macron s’est rendu lundi à Washington pour rencontrer son homologue américain. En désaccord avec les démarches entreprises par la Maison-Blanche dans le dossier ukrainien, le président français est venu tenter de faire entendre sa voix, et peut-être celle de ses collègues européens. On peut aujourd’hui légitimement douter que le nouveau président américain accorde beaucoup d’importance à l’avis de chefs d’État qu’il méprise ouvertement. Pour Emmanuel Macron, il s’agit de sortir le moins ridiculisé possible d’une séquence politique qui s’annonce peu glorieuse pour les chancelleries européennes. Celles-ci ont agi en supplétifs des Américains sous l’administration démocrate et ne peuvent désormais assumer un effort de guerre dont le nouveau dirigeant de la première puissance mondiale ne veut plus entendre parler.
Le déplacement d’Emmanuel Macron ne sera pas déterminant pour l’avenir de la France, de l’Europe, ni même de l’Ukraine. Paris semble avoir perdu son influence diplomatique sous son mandat.

En revanche, un parallèle peut être établi entre les deux présidents en matière d’incontinence verbale. Emmanuel Macron surcommunique, au point de faire passer l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy – pourtant qualifié en son temps d’« hyperprésident » – pour un chef d’État discret.
Sur les réseaux sociaux, à la télévision, à coups de petites phrases et de formules choc, Macron ne cesse de parler. Il choque, il vexe, tente parfois de se montrer rassembleur, mais surtout, il occupe en permanence le terrain médiatique. Si cette tendance s’est légèrement atténuée avec l’arrivée à Matignon de Michel Barnier, puis de François Bayrou, qui l’ont contraint à prendre du recul sur les questions nationales, Emmanuel Macron reste très présent sur la scène internationale, notamment sur le dossier ukrainien.

Après avoir soufflé le chaud et le froid vis-à-vis de la Russie, pour finalement adopter une posture guerrière qu’il ne peut plus assumer aujourd’hui, il tente de gesticuler pour peser sur les événements. Le résultat est prévisible : il n’y parviendra pas. Lors d’un jeu de questions-réponses en ligne sur les réseaux sociaux, le jeudi 20 février, il a fait preuve d’un cynisme déroutant, utilisant la guerre sur le sol européen pour assurer sa propre communication politique. L’occasion pour lui de sortir quelques phrases choc et vides de sens, du type : « On est en guerre, en quelque sorte. » Une expression qu’il affectionne, puisqu’il l’avait déjà utilisée pour évoquer la crise sanitaire et une hypothétique guerre contre le Covid…

Cette omniprésence sur les réseaux sociaux et à la télévision trouve un écho dans la méthode de Donald Trump, qui communique abondamment en utilisant également la provocation comme mode opératoire. La différence réside dans le fait que l’un est en fin de course et ne peut plus vraiment agir, tandis que l’autre parle, mais semble aussi agir en conséquence.

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique