
L’instabilité chronique dans laquelle Emmanuel Macron a poussé la France avec sa capricieuse dissolution de l’été 2024 pourrait se poursuivre jusqu’à la fin de son règne dans deux ans et demi. Le Premier ministre François a échappé, assez largement, aux deux dernières motions de censure déposées contre son gouvernement, mais rien n’indique que ceux qui se sont abstenus le feront la prochaine fois.
Ce n’est pas tant la personnalité de François Bayrou aujourd’hui que celle de Michel Barnier hier qui est en cause, mais bel et bien l’éparpillement du paysage parlementaire. Sans majorité au centre, à gauche ou à droite, le gouvernement doit composer avec une majorité faible et des partis politiques aux idées et surtout aux intérêts divergents.
Le gouvernement Bayrou est pris entre deux feux : si le « socle commun » lâche trop de lest à sa droite pour envoyer des signaux au Rassemblement national, il s’aliène le centre-gauche et place les socialistes dans une situation d’opposition totale. Si les concessions sont faites en direction de la gauche et plus particulièrement du PS, c’est le RN qui va se braquer, en plus de la droite LR présente dans l’exécutif.
Faire trop de concessions au PS ou au RN risque, par ailleurs, d’entraîner une surenchère de ces partis qui voudront, naturellement, obtenir plus.
Il n’existe, en l’état actuel de la représentation à la Chambre basse, aucune solution de gouvernement stable. Cela peut pousser Emmanuel Macron à dissoudre une nouvelle fois en 2025 dès l’été prochain, mais faire déplacer les Français aux urnes n’assure aucunement de voir se dessiner une nouvelle Assemblée avec un équilibre des forces moins précaire. Seule une élection présidentielle permettrait d’enclencher une dynamique électorale offrant à un camp la possibilité d’obtenir, potentiellement, une majorité absolue. Même cette hypothèse n’est pas certaine aujourd’hui, tant le paysage politique s’est morcelé, avec un éparpillement à gauche, un éparpillement au centre et un RN qui continue sa progression, mais ne se trouve pas encore en position majoritaire.
Emmanuel Macron, agent du chaos, n’a pas seulement mis fin au bipartisme qui opposait la gauche socialiste à la droite dite parlementaire, il est parvenu à enrayer des institutions qui, jusqu’alors, faute d’être utiles au bien commun, étaient fonctionnelles.
Le président ne démissionnera certainement pas et devrait entraîner la France dans sa lente chute jusqu’en 2027. À l’heure où des changements géopolitiques et technologiques majeurs s’imposent à nous, Emmanuel Macron fait perdre un temps précieux au pays.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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